« Mon père ne parlait jamais de son boulot. Il disait la centrale, sans adjectif et sans autre qualificatif, pour parler de son lieu de travail. Ne précisait jamais. Moi j’entendais LA Centrale, avec article et C majuscules comme s’il n’y en avait qu’une seule au monde, comme si c’était le nombril du monde. Et de fait c’était le nombril de notre monde. »
En 2036, Samuel Vidouble est confiné dans sa cave à la suite d’un accident nucléaire survenu sur le site de la centrale de Malville à l’ombre de laquelle il vivait enfant dans les années 80. Fascinante et monstrueuse, la centrale cristallise les disputes familiales et les luttes politiques de l’époque. Sur les bords du Rhône, le jeune Samuel grandit dans l’aura de Tom, le garçon sauvage, et d’Astrid, l’adolescente révoltée, tandis que plane la double menace de l’extrême droite et du feu nucléaire.
Entre roman d’apprentissage et dystopie, Malville explore cette France périurbaine d’hier et de demain, ainsi que les conséquences physiques et environnementales désastreuses de nos « choix » énergétiques, qui bouleversent irrémédiablement notre rapport au monde, à la terre et au vivant.
Avec ce livre inspiré des lieux de sa jeunesse et tissé de réminiscences littéraires – de Tom Sawyer à Rimbaud –, Emmanuel Ruben affirme sa passion pour la géographie. Une ode vibrante au fleuve et à l’enfance.
Né en 1980 à Lyon, Emmanuel Ruben est l’auteur d’une dizaine de livres – romans, récits, essais –, parmi lesquels Sur la route du Danube (prix Nicolas Bouvier 2019) et, chez Stock, Sabre (prix des Deux Magots 2021) et Les Méditerranéennes.