« Elle dit le furtif, l’impondérable, ce qui d’un même mouvement se donne et se dérobe, puisque telle est la langue qui tout à la fois recouvre, fait paraître, et éloigne ce qu’elle désigne. Mais elle en vient surtout, à travers le jeu silencieux du langage, à voir le vide lui-même, tel qu’il se creuse en nous, tel que l’écriture le combat et tel que les mots ricochent en lui. »
Jean-Michel Maulpoix dans sa note sur Mesure au vide, Nouveau Recueil, 2018
Née en 1973 à Paris où elle vit, Maud Thiria publie depuis plusieurs années ses poèmes dans une vingtaine de revues (Le Nouveau Recueil, Diérèse, Thauma, A verse, PLS, Recours au poème, Terre à ciel, N47, Décharge, Sarrazine, Nunc, L’Etrangère…), des livres d’artistes, notamment autour de la peinture de Christian Gardair, et des livres pauvres pour Daniel Leuwers. En novembre 2017, son premier livre de poésie Mesure au vide est publié aux éditions Æncrages & Co, sélectionné pour le Prix du Premier Recueil, et en 2020 Blockhaus sort chez le même éditeur, sélectionné pour le Prix Révélation Poésie de la SGDL, pour le Prix littéraire des lycéens, apprentis et stagiaires de la formation professionnelle de la Région Ile de France et obtient le Prix Yvan Goll 2021. Elle est lauréate 2019 de la bourse de poésie Gina Chenouard de la SGDL pour son recueil Falaise au ventre, paru en 2023 aux éditions LansKine où son livre Trouée publié en 2022 vient de recevoir le Prix René Leynaud d’engagement et de résistance. En 2021, elle obtient une résidence d’écrivain en Ile de France pour travailler en poésie auprès des plus « empêchés », dans les services gériatriques de trois hôpitaux parisiens autour du toucher, de la mémoire et de l’identité.
Elle fait régulièrement des lectures publiques de ses textes dans des expositions, des lieux culturels, des festivals et sur la scène de la Maison de la Poésie à Paris. Elle travaille notamment sur la langue auprès de publics en difficultés sociales et scolaires, de migrants et de réfugiés politiques, de détenus à la Maison d’arrêt de Fleury-Mérogis et anime des ateliers d’écriture ou des conférences au lycée dans le cadre du dispositif « Poète dans la classe » mis au point par la Maison des écrivains et de la littérature, ou encore au sein d’écoles supérieures comme l’Ecole d’Architecture de Paris La Villette.
Depuis quelques années, parallèlement à son travail d’écriture, elle collabore à différents projets artistiques et elle dessine, sous le nom de Thiria Vinçon, des traces de corps qu’elle expose régulièrement dans des salons et en galeries.
Sa poésie, comme ses traces plastiques, tisse un travail de mémoire, entre le corps et les paysages traversés, sensible à la disparition et à la maladie de l’homme comme de son environnement. La Lorraine de son enfance et les plages normandes qu’elle parcourt régulièrement, avec leur part de blockhaus et d’enlisement dans la vase, nourrissent son écriture visant la minceur pour dire l’insaisissable.
Elle poursuit depuis 2022 son travail au coeur des paysages abrupts où le corps fait empreinte, en résidence à la Factorie Maison de poésie de Normandie et au sein du projet « Mondes nouveaux » du Ministère de la Culture pour lequel elle est lauréate.